S’imposant comme une série phare du petit monde du Tactical-RPG, et réputée comme étant une des rares séries “hardcore” de Nintendo, Fire Emblem a su créer ses propres codes à l’intérieur même de ce genre. De la “permadeath”, à la trinité des armes, en passant par le “Soutien”, qui approfondit les relations entre personnages, la saveur de jouer à un Fire Emblem est unique. Partant d’un concept simple, les différents opus ont ajouté au fur et à mesure de nouveaux systèmes, complexifiant la formule, parfois justement, parfois à outrance (je te regarde, Fire Emblem Fates !).
Fiche Technique
- Genre : Tactical-RPG / Simulateur de pertes de personnages
- Titre original : Fire Emblem : Sōen no Kiseki (ファイアーエムブレム 蒼炎の軌跡)
- Date de sortie : [JP] 20/04/2005 - [EU] 04/11/2005
- Développeur : Intelligent Systems
- Editeur : Nintendo
- Plateforme : GameCube
- Directeur : Masayuki Horikawa
Contexte de jeu
- Jeux de la série déjà faits : Fire Emblem (GBA), FE : The Sacred Stones (GBA), FE : Shadow Dragon (NDS), FE : Awakening (3DS), le début de FE Fates : Héritage.
- Autres jeux du même genre : Mario + Lapins Crétins Kingdom Battle (Switch).
- Attente : Neutre.
- Notes : Fait en difficulté “Normal”. Une difficulté “Difficile” existe.
Unstack Story
Fire Emblem : Path of Radiance se place au début de la modernisation de la série. Il sait rester simple à appréhender, tout en essayant de nouvelles choses en terme de gameplay. Une de mes principales appréhensions était de jouer à un FE entièrement en 3D et sur console de salon. Mais sur ces points, le jeu est exemplaire. Une fois les animations de combats désactivées, les batailles sont très dynamiques, et la navigation, appuyée par une interface ultra claire, reste fluide. On sélectionne ses personnages rapidement, on simule leur déplacement, leur combats, etc. Tout est fait pour bien évaluer nos différentes options, afin de faire les meilleurs choix possibles. On pourrait regretter de ne pas avoir de bouton pour voir la portée de toutes les unités ennemies, ainsi que différents niveaux de zoom (et dézoom !) sur la caméra. Mais nous sommes trop “tôt” dans le temps, ces amélioration arrivant plus tard dans la série.
Une autre constante de la série est sa difficulté. En effet, si un de nos personnages meurt pendant une bataille, il est définitivement mort ou exclu de notre armée. Cette simple règle fait qu’on réfléchit longuement à ses déplacements et attaques, afin d’éviter la mort malencontreuse d’un de nos protégés, entraînant l’appui fatidique sur bouton Reset de la console… Quel frustration quand, après une heure, une de nos unités se fait tuer par le dernier ennemi vivant ! Mais quel sentiment de puissance quand on refait cette satanée carte, et qu’on la gère encore mieux niveau XP et loot. À force de recommencer, les missions se transforment en ballet, où chaque déplacement a été savamment calculé.
Un autre aspect qui est encore présent dans Path of Radiance est le nombre limité de cartes. Sans niveaux annexes, la quantité de points d’expérience dans le jeu est limitée, forçant le joueur à penser ses batailles de manière à faire aussi évoluer ses personnages les plus faibles. Et des personnages, il y en aura ! Le jeu donne constamment au joueur de nouvelles unités pour enrichir son armée. Tellement qu’il est impossible de toutes les jouer. Disposant de 46 personnages au final, on ne peut en sélectionner qu’une douzaine en moyenne pour une mission. On se retrouve souvent devant des choix affectifs impossibles à résoudre raisonnablement. C’est une constante dans la série, mais Path of Radiance fait parti des FE avec “trop” de personnages jouables.
Cependant ceux-ci ont un chara-design inspiré, bien loin de l’overdose “moe” des derniers épisodes (je parle encore de toi Fates !). Ils ont même une petite touche vintage, rappelant les design manga des années 90. Leur modélisation 3D est sommaire, époque oblige, mais très lisible. On identifie aisément chacun d’eux sur la carte, et leurs animations de combat sont généreuses en terme d’impact. Pendant les phases de narration, les personnages sont représentés par leur portrait 2D, légèrement animés, à l’instar d’une visual novel.
L’histoire est essentiellement racontée à travers ces dialogues. On y suit Ike et sa troupe de mercenaires, qui décide d’aider la fuite d’Elincia, la princesse de Crimea, chassée de son royaume par son pays voisin et envahisseur, Dain. Toute l’intrigue se base également sur un conflit racial, puisque le monde de Ike voit coexister des humains, les Beorc, et des hommes animaux, les Laguz, allant du chat au faucon, sans oublier les dragons. Ces deux espèces se livrent un conflit, parfois ouvert, souvent caché, et Ike va, au cours de son périple, essayer de réconcilier ces deux peuples. Cette différence est retranscrite dans le gameplay par des unités Laguz ayant un système de combat et d’évolution différent. On se retrouve ainsi avec une histoire de reconquête de trône, tolérante et anti-guerre, certes naïve, mais toujours rythmée. Et on sent que les développeurs ont avant tout voulu proposer des situations de jeu différentes (traversée d’un pont, attaque d’une colline pleine de balistes, défense d’un bateau, …), et que celles-ci ont ensuite été intégrées avec cohérence dans la trame narrative.
Le jeu est aussi parsemé de courtes cinématiques CGI un peu datées, mais plaisantes, malgré un doublage anglais un peu raide. C’est une première dans la série, et elles servent souvent de récompenses pour le joueur.
Le seul bémol vient de la fin du jeu. La dernière carte manque de rebondissements, et on met un peu de temps à comprendre que c’est vraiment fini. Plusieurs points scénaristiques ne se concluent pas. On sent clairement que le jeu a une suite direct, en la personne de Radiant Dawn sur Wii. Le ressenti est peut être différent si l’on enchaîne les deux jeux, mais Path of Radiance donne l’impression d’être incomplet, d’autant plus qu’il ouvre de nouvelles intrigues après le combat final ! L’avis sur la question sera à se faire en jouant à Radiant Dawn.
En attendant, Fire Emblem : Path of Radiance se classe très haut dans la liste des FE à faire, offrant un système de jeu centré autour de l’essentiel, des combats variées, et une véritable histoire d’Heroic Fantasy, mettant de côté les voyages dans le temps et les dimensions parallèles. Un vrai hit de la GameCube, addictif et exigeant, sur lequel on ne voit pas les heures passés.
Crédits screenshots : Playlist Youtube Let’s Play Fire Emblem: Path of Radiance de Xenoflux Raiden